La TDS, Sur les Traces des Ducs de Savoie, est l’une des courses phares de l’UTMB Mont-Blanc. Son profil la rend plus sauvage et technique que la CCC ou l’UTMB : environ 145 km pour près de 9 000 à 9 500 m de dénivelé positif selon les variantes, de longs passages au-dessus de 2 000 m d’altitude et des sections nocturnes exposées au froid, au vent et à la poussière. En 2025, les conditions de fin d’été sur les crêtes et cols alpins ont une nouvelle fois rappelé l’importance de la gestion respiratoire. Dans ce cadre, Alexandre Boucheix, alias Casquette Verte, a subi en pleine course une crise d’asthme qui a brisé ses ambitions de performance, transformant son objectif initial en un combat pour la maîtrise de l’effort et la sécurité.
Figure populaire du trail, Casquette Verte est réputé pour son sens du rythme, sa lucidité tactique et sa capacité à garder le sourire dans l’adversité. Ce jour-là, la montagne a imposé ses lois : dans un environnement froid, sec et poussiéreux, la ventilation soutenue propre au trail technique a favorisé un bronchospasme d’effort. Résultat : la course s’est réécrite au fil des minutes, avec l’obligation de ralentir drastiquement, de s’arrêter pour tenter de calmer la respiration et de consulter la stratégie avec l’équipe d’assistance et le staff médical de l’organisation.
Crise d’asthme en course : les déclencheurs typiques sur la TDS
Sur une épreuve comme la TDS, plusieurs facteurs se conjuguent pour augmenter le risque de crise d’asthme ou de bronchospasme d’effort. L’altitude diminue la densité de l’air et accentue la ventilation minute pour un même effort, ce qui assèche les voies respiratoires. La nuit, les températures chutent souvent entre 0 et 5 °C au-dessus de 2 000 m : l’air froid et sec est irritant. Ajoutez-y la poussière soulevée sur les sentiers, parfois dans des files de coureurs, et une hyperventilation prolongée sur de longues ascensions techniques. Ce cocktail est redoutable pour les bronches fragiles ou simplement sensibilisées par la fatigue et un éventuel rhume récent.
Concrètement, la crise se manifeste par une sensation d’oppression, une respiration sifflante, une difficulté à expirer et une chute nette de l’allure pour une fréquence cardiaque paradoxalement élevée. Sur le terrain, chaque pas devient un compromis entre l’envie d’avancer et la nécessité de retrouver un flux ventilatoire efficace. Sans prise en charge rapide et adaptée, l’écart sur les chronos s’ouvre en quelques dizaines de minutes et l’objectif de performance s’éloigne irrémédiablement.
Impact immédiat sur la performance et décision sportive
Pour Casquette Verte, l’épisode a instantanément coupé l’élan. L’économie de course s’effondre car la dépense énergétique explose pour compenser la limitation ventilatoire. La montée des lactates s’accélère, la foulée se casse, et la mécanique s’ankylose. Dans ce contexte, la meilleure décision n’est plus de “s’arracher”, mais de gérer : couper l’intensité, se mettre à l’arrêt si nécessaire, se couvrir pour réchauffer l’air inspiré, boire de petites gorgées, et attendre l’effet des médicaments si un bronchodilatateur de secours est disponible. La priorité redevient la santé, puis le déplacement en sécurité jusqu’à une zone d’assistance ou un poste médical.
Que faire pendant la crise : protocole pratique sur sentier
La première règle est de diminuer l’effort immédiatement. Se placer à l’écart du flux, desserrer le gilet, se pencher légèrement en avant, caler une expiration longue sur deux pas pour un pas d’inspiration (rythme 2:1) pour forcer la vidange pulmonaire. Protéger les voies aériennes avec un buff sur la bouche et le nez afin d’humidifier et tiédir l’air. Si un inhalateur de secours est transporté, l’utiliser conformément à la prescription (puffs espacées de 30 à 60 secondes), puis attendre quelques minutes en marchant très lentement, sans relancer tant que la sensation d’étau thoracique persiste.
Hydrater par petites gorgées tièdes si possible, éviter les boissons glacées. Prévenir l’assistance via le téléphone si l’organisation l’autorise, ou demander de l’aide à un bénévole ou à un coureur présent. Sur l’UTMB Mont-Blanc, les postes de secours mobiles et les bases-vie disposent de personnels formés ; mieux vaut rejoindre ces points prudemment que se relancer au risque d’un rebond de la crise.
Cadre médical et antidopage : ce que dit la réglementation
Concernant les médicaments, les bronchodilatateurs de type salbutamol sont tolérés en compétition dans certaines limites. Il faut respecter la réglementation de l’AMA et se renseigner en amont sur les besoins éventuels d’une AUT (Autorisation d’Usage à des fins Thérapeutiques) selon la molécule, la dose et la voie d’administration. Les coureurs doivent conserver leurs prescriptions et pouvoir justifier tout usage en cas de contrôle. Pour référence, consultez le site de l’UTMB Mont-Blanc et la Liste des Interdictions de l’AMA: UTMB Mont-Blanc et WADA Prohibited List.
Prévention ciblée pour la TDS : de la ligne de départ aux cols
La prévention commence avant le départ. Échauffement respiratoire progressif de 15 à 20 minutes, premières côtes en-dessous du seuil, pas de relance à froid. En altitude, accepter un tempo plus doux que d’habitude, avec des micro-pauses programmées pour garder de la marge ventilatoire. Côté équipement, un buff ou un demi-masque coupe-vent est un allié puissant de nuit, une couche thermique facile à enfiler limite la vasoconstriction des voies aériennes, des bâtons aident à stabiliser l’allure et à répartir la charge sur le haut du corps, favorisant une respiration plus haute et plus ample.
La nutrition a aussi son rôle : éviter les aliments qui favorisent le reflux (gras, très sucrés) juste avant une longue montée, préférer des apports fractionnés, surveiller l’hydratation avec une boisson légèrement tiède lorsqu’elle est disponible. Enfin, disposer d’un plan B clair avec son assistance sur les points autorisés par l’organisation permet d’adapter l’objectif à la réalité du jour, sans forcer le destin.
Leçons pour les traileurs et suite pour Casquette Verte
L’épisode de Casquette Verte sur la TDS 2025 rappelle que l’asthme d’effort peut toucher même des athlètes très entraînés. La clé réside dans la préparation (médicale et matérielle), l’anticipation des conditions de course et l’humilité tactique. Un jour où les bronches disent non, la meilleure victoire reste de rester lucide, de respecter les signaux et de préserver l’avenir. La saison est longue : mieux vaut perdre une bataille que la guerre.
Pour la suite, la priorité passe par un bilan médical afin d’ajuster le traitement de fond si nécessaire, d’identifier d’éventuels déclencheurs intercurrents (infection, allergènes, pollution) et de planifier une reprise progressive. Les fans pourront suivre ses actualités et son état sur ses réseaux sociaux, où il partage souvent coulisses et apprentissages après course. Pour ses mises à jour, consultez par exemple son compte: Instagram de Casquette Verte. Quoi qu’il en soit, ce contretemps n’enlève rien à sa combativité ni à la puissance de la TDS, qui exige autant de poumons que de jambes.